lundi 22 juin 2009

Pour un nouveau "Seelisberg".



Le niqab dérange ? Et les textes ?

Les députés qui s’émeuvent de l’apparition du niqab (burka « soft ») en France sont bien gentils, mais ce drap, n’est qu’un signe visible qui cache mal des mots au moins aussi radicaux. Cet accoutrement est l’expression de l’extrémisme religieux, mais il témoigne d’un aspect plus grave, plus profond et plus insidieux. Au-delà même de l’aspect choquant de la place à laquelle il assigne les femmes.
Le Coran et ses sourates sont remplis d’intentions et de jugements très négatifs sur les « mécréants » et les « infidèles » [1]. Or, les occidentaux chrétiens, juifs ou athées sont ces infidèles et ces mécréants aux yeux de l’Islam. Si l’on en croit les démographes, cette religion va poursuivre son expansion, pour venir rivaliser en nombre avec les chrétiens et les athées en Europe. Qui nous dit que tous les membres de cette communauté seront indifférents à une lecture simple, voire simpliste du texte, si rien n’est fait pour la délégitimée officiellement ?

En 1947, après la terreur d’une guerre sans précédent, une petite conférence s’est tenue dans le village suisse de Seelisberg. L’objectif était de savoir si les religieux pouvaient identifier dans leur sphère de compétence et d’influence des causes de l’antisémitisme. Des juifs, des chrétiens (catholiques et protestants) analysèrent les aspects sur lesquels ils pouvaient agir pour tenter de neutraliser (dans leur domaine) l’antisémitisme, cette constante des sociétés européennes depuis plusieurs siècles.
Si tout ne fut pas débattu évidemment, loin s’en faut, au moins les responsables chrétiens se rappelèrent que leurs évangiles présentaient les juifs comme les « ennemis » de Jésus. Ennemis d’un jour, mais aussi ennemis toujours en quelque sorte.

L’exemple de la prière du Vendredi*** illustrait bien le problème.
« Oremus et pro perfidis Judaeis », traduit en français par « Prions aussi pour les Juifs perfides », résumait assez bien ce que l’église propageait chaque semaine comme message à l’égard des juifs, même dans une prière à leur intention. L’antisémitisme passait aussi par la religion. On n’avait pas attendu Seelisberg pour s’en rendre compte, mais rien n’avait été fait. La religion par essence conservatrice n’avait pas bougé, et n’avait rien changé. Après la Shoah, après Seelisberg, l’église ne pouvait pas rester de nouveau inerte et faire comme si ces remarques étaient dénuées de pertinence et de légitimité. On modifia le texte de l’oraison pour « Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier …/… ». Ainsi diplomatie et oecuménisme s’invitaient dans un texte religieux.

Croyant, je ne suis pas pour autant un grand spécialiste de ces textes. Mais je pense que cet exemple montre bien que, oui la religion, quelle qu’elle soit, l’univers de la foi, la recherche de l’absolu, peuvent être aussi, hélas, le terreau de l’intransigeance, puis de l’intolérance. Oui sur des esprits et des âmes simples en quête de « Vérité », le résultat peut être radical et former un chemin vers la haine. Oui les religions sont responsables du message qu’elles délivrent et de leurs effets sur leurs fidèles. Dans des sociétés multiculturelles et multicultuelles encore plus qu’ailleurs, dans une planète réduite par la mondialisation encore plus qu’avant… L’œcuménisme de doit pas rester un discours rempli de bonnes intentions, orné de sourires de façade.

Et si nos responsables religieux faisaient un nouveau « Seelisberg » ?… Auquel les musulmans participeraient ? Dire qu’il ne faut pas attendre à nouveau que les mêmes causes produisent les mêmes effets serait excessif et alarmiste. Les textes religieux seuls ne peuvent pas tout assumer. Mais…
Car à l’heure où nos élites républicaines contournent allègrement la loi de 1905 afin que des mosquées sortent de cette terre, la lecture de certaines sourates, de certains versets du Coran a de quoi inquiéter, les femmes, et aussi plus largement les « infidèles » et les « incrédules » que nous pouvons être, nous occidentaux chrétiens ou athées, aux yeux de l’Islam… N’en déplaise à M. Obama, qui tente d’amadouer les musulmans au Caire dans un discours assez démagogique prononcé là même où l’Islam est présent sous sa forme la plus archaïque.

L’Islam est un message de Paix nous dit Tarik Ramadan… Qu’il nous soit permis d’en douter à l’écoute de certains passages du Coran et à la connaissance de certains passages à l’acte criminels ces dernières années commis en son nom.
A moins de considérer naïvement que Malek Chebel ou Abdelwhab Meddeb inspirent tous les imams et tous les musulmans de France, à moins de croire que la laïcité va s’imposer d’elle-même en un instant aux nouveaux arrivants, alors qu’elle fut l’objet d’un combat virulent pour asseoir sa prééminence jusqu’à la loi de 1905, à moins de penser que l’œcuménisme est le carburant naturel des religions, je pense qu’il serait pertinent que nos responsables « laïcs » obtiennent explicitement de la part d’un «Islam de France » (et des autres religions) une mise au rebut de quelques appels explicites à des jihads pas toujours « intérieurs », de quelques conditionnements répétés au rejet de l’autre et dans le meilleur des cas à son maintient dans un statut éventuel de dhimmi… Les sourates sont disponibles sur les sites de vidéos en lignes… pas besoins de se plonger dans le Coran. Faites une recherche avec les termes, infidèles ou/et mécréants, plus sourate et/ou verset dans un moteur de recherche bien connu et vous aurez une idée du problème. Nous sommes très loin du « vivre ensemble »…
A l’heure où la Halde et d’autres organismes traquent sur la toile les appels à la haine,… il y a là du grain à moudre.

La religion, l’intuition spirituelle, font partie de l’histoire de l’humanité et sont au cœur de la conscience humaine. Mais ces messages trouvent leur traduction hors des églises, hors des synagogues, hors des temples et des mosquées, dans l’espace public, laïc ou non. « Pour le meilleur et pour le pire »…
La mise en présence dans un même espace de religions aux antagonismes historiques avérés peut s’apparenter parfois à la programmation d’une histoire violente. La France a connu cette violence dans le passé. Aujourd’hui d’autres pays sont dans la tourmente pour n’avoir pas su trouver la «bonne recette ». Aujourd’hui beaucoup de chrétiens ont fuit les terres de l’Islam où un sort peu enviable leur était fait, leur est fait. Un nouveau Seelisberg devrait être tenu.

Faute de l’avoir fait à temps, nos responsables courent le risque de se condamner aux remords. La pusillanimité de nos dirigeants sur ce sujet ne peut déboucher que sur un malentendu, pris comme un aveu de faiblesse. On ne peut pas à la fois construire une société multicuturelle et faire l’impasse sur la teneur des messages religieux qui traversent et travaillent la masse des croyants à l’abri des caméras, dans l’intimité des lieux communautaires.

[1] Les fidèles conscients du caractère inquiétant des textes diront qu’il ne faut pas s’en tenir au sens littéral… mais qu’il faut s’en remettre aux érudits, comme si cela pouvait préserver d’une compréhension intolérante… Que sont les talibans alors ? Et les wahhabites ? Des ignares ?

*** Correction.
« Oremus et pro perfidis Judaeis » n’était pas récité tous les vendredi mais uniquement le Vendredi saint…

J’aurai donc du écrire « ce que l’église propageait chaque année » à la place de « ce que l’église propageait chaque semaine »… ce qui j’en conviens n’a pas la même force. Cependant le rappel inévitable de la culpabilité du peuple juif dans la crucifixion de Jésus est sous-jacent dans les offices religieux et je crois que personne ne peut le nier.

Cet exemple, mal choisi donc, ne remet pourtant pas en cause le fond de ma tribune. L’église a pu et pourrait encore favoriser l’antijudaïsme sur la base de certains textes canoniques, sur la base même de l’histoire. Je témoigne ici que ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Et je répète et signe, les religions, toutes les religions, peuvent hélas devenir pour des esprits faibles des chemins vers l’intolérance. En tant que croyant j’en suis contient et le regrette évidemment profondément.


Tribune reprise par :

le site d'information communautaire

le site de l'union et des professionnels Juifs de France
(commentaire de Menahem Macina)

le blog d'Isabelle Buot-Bouttier


Tribune publiée sur Agoravox le 23 juin 2009
http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/pour-un-nouveau-seelisberg-57968?debut_forums=200#forum2150755


Ajout le 23 juin 2010 : interview de Michel Onfray sur RMC le 10 juin 2010

3 commentaires:

  1. REVOIS TES CLASSIQUES L AMI.....
    LE TALMUD/LA THORAT
    C EST VRAI QUE DE CE COTE C EST DE L AMOUR A L ETAT PUR
    COMME : NE PAS VENIR EN AIDE A UN GOI LE JOUR DU SHABBAT.../ETC.......
    BREF JE SUIS SUR QUE LEVY/FINKELKRAUT/GOLDNADEL
    SONT TES LIBRES PENSEURS....
    BREF LES ALLAHWAKBARS NE VALENT PAS MIEUX...CERTES...
    MAIS ENTRES UN BONOBO INCULTE A LA "MOI Y EN A PEARLI FRANCI HEZBOLLAH VAINCRA....."
    ET DES ELITES INTELECTUELLES QUI TIENNENT LE MEME DISCOURS MAIS AVEC PLUS DE SEMANTIQUE/VOCABULAIRE/ERUDITION...
    JE ME DIS QUE LES ENF***
    SONT CEUX QUI SAVENT CE QU IL FONT.....
    PAS CEUX QUI PENSENT SAVOIR.....

    VIVE MIGDAL!!!! A ECOUTER LA CHANSON "MAHMOUD"
    http://www.migdal.org.il/

    /LA LDJ(INTERDITE EN ISRAEL ET U.S.A. CONSIDEREE PAR CES DERNIERS COMME UNE ORGANISATION TERRORISTE DANS LE DERNIER RAPPORT DU F.B.I./LE BETAR.....
    ON REPARLERA DU VOILE A L ECOLE DURANT LES CONGES DE CARNAVALE/NOEL/PENTECOTE/ASCENSION/TOUSSAINTS.....
    SHALOM/SALAM...................

    RépondreSupprimer
  2. Les mécréants ne sont pas les chrétiens ou les juifs, car ceux-ci sont désignés comme "les gens du livre" dans le Coran...

    RépondreSupprimer
  3. Les mécréants sont ceux qui "croient mal"... donc les juifs et les chrétiens peuvent très bien en faire partie. Il existe des musulmans oecuméniques, vous en êtes peut-être. Sont-ils majoritaires ? Sont-ils représentatifs ? Je ne saurais l'affirmer.

    Encore une fois il existe les mêmes "positionnements", les mêmes intolérances dans le catholicisme, dans le protestantisme, etc. Mais dans le monde occidental, aujourd'hui, cette lecture intolérante est très très minoritaire, et les co-religionnaires "ouverts" ne sentent pas de solidarité avec les "intolérants"... C'est cette désolidarisation des musulmans modérés d'avec les musulmans radicaux qui n'est pas nette et qui pause problème à une bonne partie des 57,5% de Suisses qui ont voté non aux minarets par exemple.

    RépondreSupprimer