mercredi 12 décembre 2012

Traîtres




M. Yann Galut, député socialiste, a réagit hier à l’évasion fiscale partielle de Gérard Depardieu, en envisageant de déchoir de la nationalité, ces « traîtres ». Ceux qui comme l’acteur trouvent que cela commence à sentir le sapin en France et se carapatent sous le feu des caméras vers des cieux plus cléments.

Certes l’attitude de ces riches qui quittent (sans le quitter vraiment) le navire n’est pas à première vue très patriotique. Mais que M. Galut endosse à bon compte, drapé dans sa « Morale » simpliste, et surtout partisane et malhonnête, l’habit de M. Loyal, me pousse à réagir.

A y regarder un peu mieux, à prendre le temps de la réflexion (disons 10 secondes), comment en est on arrivé là ? Comment les gouvernements se retrouvent contraints à taxer toujours plus, sans obtenir de résultats probants ?

Et bien oui, plus de 30 années de budget national en déficit… cela vous parle ?
Plus de 30 années de « mondialisation », comprenez, de délocalisation vers des travailleurs moins chers. Plus de 30 années d’importation des mêmes travailleurs « économiques » lorsque l’activité n’est pas elle-même délocalisable (restauration et bâtiment par exemple)…

C’est cette politique, menée par la droite et la gauche, converties (en partie seulement) au libéralisme, qui nous condamne à une sorte de double peine et nous amène au bord du gouffre. Nous jouons dans la cour du libéralisme, avec des règles keynésiennes socialisantes. On joue au foot, avec un boulet à chaque pied… les autres marquent des buts, nous on n’ose même plus compter. Que certains dégouttés décident de fuir le terrain de « jeu » n’est finalement pas très étonnant.

Oui nous sommes en guerre. Economique. Et nos généraux politiques sont des traîtres par incompétence, aveuglement et lâcheté. Et nos généraux économiques sont des traîtres par cynisme et cupidité. Le résultat ? Des millions de chômeurs et une pauvreté grandissante.

Ainsi donc la gauche redécouvre le « Patriotisme ». Rions en, voulez-vous, pour ne pas en pleurer. Mais nous devrions envoyer ceux qui nous gouvernent à Limoges. C’est surtout eux qui devraient être désavoués, mis au ban et frappés d’indignité.


Mais comment faire lorsque le système nous fait croire à un choix démocratique entre la gauche et la droite, qui sont au final d’accord avec la ligne libérale. La césure entre droite et gauche n’existe que sur des sujets annexes, sur le plan économique elles ont enfourché le même cheval. Jockey à tour de rôles d’un cheval nommé libéralisme. L’Europe actuelle en est le copropriétaire. Non la césure est là, entre les libéraux mondialisants et les autres.

Encore et toujours, la solution est dans plus de démocratie, et un contrôle plus serré du travail de nos élus et gouvernants. A l’heure où une grande partie des gens achètent et suivent leurs comptes bancaires grâce à Internet en sécurité, comment peut on comprendre que nos élites n’aient pas mis au point un moyen fiable pour consulter la population sur le net ? Fini les sondages improbables, vive la démocratie numérique, elle sera populaire !

mercredi 28 mars 2012

Démocratie : "Le peuple ne se trompe jamais" (Patrice Gueniffey)


Démocratie - Patrice Gueniffey par noop


Lors de cette émission de nombreux intellectuels habitués des plateaux télévision ont disserté sur la démocratie, le peuple et le populisme. Il a fallut attendre près d’une heure avant qu’un historien, Patrice Gueniffey, rappelle qu’en démocratie la seule vraie légitimité, c’est celle du peuple et que ses choix et orientations peuvent être bons ou mauvais, mais qu’ils sont in fine les seuls valables, puisque ce sont ceux qui auront pris la décision qui l'assumeront.

Dans ces temps de plus en plus flou démocratiquement, où la gouvernance des experts (très peu ou pas démocratique) est le choix des élites, il est rassurant ( ?) de constater qu’il se trouve encore un intellectuel pour rappeler cette évidence.

Certains tentent pour délégitimer les choix du peuples, de leur opposer le droit constitutionnel et l’état de droit (qui seraient au dessus de tout). Mais l’état de droit et le droit constitutionnel mis en place par les représentants d’un peuple peuvent et doivent évoluer, ils n’ont jamais été intangibles à travers l’histoire des nations et des sociétés.

J'y reviendrai prochainement, car je pense que l'essentiel se joue là, sur le projet démocratique.

mercredi 1 juin 2011

Naufrage intellectuel à CSOJ

Jean-Didier Vincent (neurobiologiste) à propos de l’appartement de DSK à Manhattan :
"ça me rappelle un peu la naissance de Jésus .../... les conditions de ce pauvre DSK."

Thierry Levy (avocat) à propos des accusations pesant sur DSK :
"DSK, ou il est fou ou il est innocent, il n’y a pas d’indication qu’il soit fou, donc il est innocent, si il est fou, je dirais que c’est encore plus beau."

Suis-je donc moi même un peu fou d'être choqué par ces propos tenus par des "experts" à qui on demande "d'éclairer" l'opinion ?


Naufrage intellectuel - 1 - DSK par noop

Vidéo publiée sur Agoravox TV le 1er juin 2011


Cerise sur le "gâteau" en fin d'émission. Me Thierry Levy au meilleur de sa forme réagit violemment à la condamnation de la pédophilie exprimée sur le plateau de CSOJ par la cinéaste et écrivaine Cristina Comencini. Il dénonce la chape de plomb qui tombe sur la société "qui vient interdire tous les comportements un peu différents" (sic)...


jeudi 31 mars 2011

Des mots pour ne rien faire.

«Deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche.»

Maintenant qu’il est « trop tard » comme le dit sans précaution un Todd (1) satisfait, nous sommes autorisés à débattre sur des sujets longtemps érigés en tabous pour imposer un passage en force. Nous sommes autorisés à débattre un peu comme dans un sketch de Coluche. A son époque il se moquait des milieux autorisés qui s’autorisaient à penser. Aujourd’hui c’est aussi nous, le peuple, qui sommes conviés à écouter. Et à participer, un peu, mais pas trop.

Débattre de l’identité nationale, dont j’ai retenu qu’il n’y en avait pas.

Débattre de la laïcité, dont je crois comprendre qu’elle dérange.

Débattre de l’immigration, pour admettre que c’est une chance. Etc.

D’un côté donc, un gouvernement de droite qui ne sait plus vraiment où il habite, qui du haut de sa grande bonté, autorise des « débats ». De l’autre une opposition de gauche, plus obscurantiste que jamais, qui s’emploie à les étouffer ou à faire semblant de ne pas comprendre. Il est où le problème ? Feint-elle. C’est bien là la seule opposition réelle, car sur le but les deux mouvances se rejoignent dans un marécage intellectuel qui fonctionne comme un piège tendu au discernement, au bon sens et à l’action politique. Oui, pour que nous nous tenions tranquilles, la droite pense que le débat est une soupape nécessaire, un système de refroidissement du réacteur politique populaire pas plus pas moins, et la gauche préfère enfermer la parole et planquer ce qui dépasse sous le tapis, certains sujets sensibles abordés trop librement laisseraient dans l’espace politique de graves rejets toxiques.

Au final tout cela fonctionne comme un rideau de fumée, pour masquer soit un refus, soit une impuissance, soit une peur, ou les trois à la fois, débouchant sur une inaction politique réelle. Tout cela prend la forme d’une avalanche de mots pour ne rien faire dans un cas, pour ne rien laisser faire dans l’autre. Aux « nonosses » lancés au peuple par la droite, la gauche répond en dressant les mots qui paralysent ou font diversion et dissuadent de l’ouvrir.

Laïcité = islamophobie.

Immigration et identité nationale = xénophobie.

Etc.

Ces biens pensants rosissent et jouissent de la honte qu’ils propagent et qu’ils sèment dans l’esprit des gens. Les deux partis, avec la collaboration des médias, ne résistent pas à imposer au peuple, infantilisé et conditionné, des « éléments de langages ». Vous savez ces expressions ou simples mots et ces amalgames repris en boucle dans de véritables campagnes de communication, afin que nous pensions essentiellement avec les mots de nos « coachs », comme on mettrait dans les mains d’un enfant les pièces d’un puzzle savamment triées, qui ne lui permettraient jamais de reconstituer le modèle. Ces éléments de langages, mimant parfois une novlangue orwellienne, sont souvent de véritables slogans publicitaires, qui sont là pour masquer les véritables points faibles du produit.

La République est métisse mais surtout communautarisée, l’immigration nous enrichit, la mondialisation est heureuse, l’islam est tolérant, la modernité est un progrès, un délinquant un jeune, un quartier populaire un ghettos, la laïcité devient "positive", comme la discrimination, etc.

Cette séquence de « débats » initiées pas la droite, a bien le même objectif que la séquence des « tabous » initiée par la gauche. Continuer à nous distraire, tout en nous parlant des sujets interdits (c’est là la novation). Ne rien faire politiquement et démocratiquement qui modifierait le cours des événements, divertir.

Cette séquence de « débats », la droite l’ose, car elle pense, comme Todd, qu’il est « trop tard ». Rendue délibérément confuse, sabotée, elle est là pour nous distraire, nous détourner des enjeux. En quelques sortes ces débats sont à la vie intellectuelle, ce que le X est aux ébats amoureux.

Malgré ces efforts, le peuple commence à renâcler. L’impatience après trente ans « d’à toi à moi », commence à monter parmi les seniors. Quant aux juniors, ils perçoivent de plus en plus le « décalage » entre le réel et le discours politique. Rêvons un peu. Il faudrait passer maintenant à la séquence « démocratique », avec l’utilisation du référendum… De mon point de vue, si le manager national a la prétention de se représenter en 2012, s’il veut éviter une défaite sans précédent, la locomotive de sa campagne (ne parlons pas de programme) sera l’organisation de referendums. Mettons un par an, pour faire bonne mesure. Sur tous les sujets qui fâchent. Quand à la gauche, qu’elle continue à faire si bien l’autruche, en n’oubliant pas toutefois que dans cette position, l’animal est rassuré mais a le postérieur exposé (2).

Si droite et gauche continuent ce petit jeu de duettistes méprisants, les Français, pour paraphraser Audiard, pourraient penser « que deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche » (3)…


(1) Emmanuel Todd le jeudi 10 mars sur le plateau de Ce Soir ou Jamais. http://www.dailymotion.com/video/xhm0y0_c-est-trop-tard-todd-vs-goldnadel_webcam

(2) Je rends à César ce qui est à « isly » sur le blog d’Ivan Rioufol. http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2011/03/ce-que-le-ps-ne-veut-pas-voir.html#comments

(3) « Un Taxi pour Tobrouk » dialogue d’Audiard (1961)

Tribune publiée sur Agoravox le 18 janvier 2010



mardi 15 mars 2011

Hervé Juvin sur l'immigration, l'identité et l'intégration

Je n'ai pas pour habitude de relayer ici des vidéos de tel ou tel. Mais dans celle-ci Hervé Juvin essayiste et économiste français, président d'Eurogroup Institute, vice-président du groupe Agipi et de la Société de Stratégie, fait un exposé clair de la situation dans laquelle nous nous trouvons en France et en Europe face aux flux migratoires venus d'Afrique.
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, les écologistes, profitant de l'inquiétude sucitée par les incidents sur les centrales nucléaires japonaises, tentent de relancer le débat sur le nucléaire. A cette occasion, ils semblent redécouvrir les vertus du réferendum... Ils seraient plus crédibles, si ils n'y étaient pas aussi farouchement opposés sur d'autres sujets. Si le peuple est légitime sur le nucléaire, il l'est aussi sur l'immigration. Non ?


Immigration de peuplement : le sujet qui ne dit... par realpolitiktv

jeudi 1 juillet 2010

La Démocratie en 3D…


On nous dit ici ou là, à juste titre, que la République est en danger. Un parti politique appelle celle-ci à se tenir « debout », mais il est bien mou (1). Un nouveau venu l’appellera peut-être à rentrer en « résistance » (2), mais il est condamné (?) à fréquenter ses adversaires. Un autre la souhaite « Solidaire » (3), mais fait du clientélisme. Malika Sorel, membre du Haut-Commissariat à l’Intégration s’en fait l’avocate chaque fois que l’occasion lui en est donnée par l’actualité, et elle n’en manque pas. Jusqu’au candidat président lui-même qui en 2007 y avait vu un bon filon électoral… Oui et après ?

Et bien après, rien.
Pourquoi ?

Parce que si la République est en danger, c’est parce que la Démocratie elle-même est déjà bien entamée. C’est devenu réellement « cause toujours ». Le champ démocratique, après avoir stagné, régresse. Et personne là ne s’en émeut. En fait il semble que nous soyons plus anesthésiés que fatalistes. On ne s’en rend pratiquement plus compte. Il y a bien le fameux « tapez un, tapez deux, tapez trois… » télévisuel, le zapping... Mais la démocratie, la vraie, pas la formelle, pas la participative, celle au sens strict du terme, elle n’est plus à l’ordre du jour. Pourtant le peuple n’a rien perdu de sa légitimité à choisir son destin. S’il ne paye plus l’impôt du sang sur le champ de bataille, il paye dans sa vie au jour le jour l’impact de la mondialisation, de décisions prises ici, en occident, d’une guerre économique.

La démocratie a été Déstabilisée par le relativisme, Démobilisée par les pragmatiques et les experts, Désinformée par ceux là même qui nous informent. C’est ça le danger. Ces trois D là. Une entreprise de déconstruction.

Le relativisme a sapé les fondements de notre République, mais aussi de la démocratie. Il a eu le mérite de faire apparaître notre socle « universaliste » pour ce qu’il était, plus qu’une abstraction, un mirage. Certains des acteurs ont continué à parler d’universalisme, alors que par leurs actes, ils y renonçaient. D’autres ont tenté de le sublimer, de le dépasser par la figure absurde et toute aussi illusoire du « citoyen du monde ». L’universalisme a fait place à la mondialisation, la gauche internationaliste li-li-bobo n’y a vu que du feu. L’élan de l’occident s’est retrouvé efficacement lesté, handicapé, plombé. Avec le relativisme c’est la fin de la démocratie, par l’effet du « tout se vaut ». C’est par le relativisme, poussé jusqu’au différentialisme, que les minorités ont commencé à imposer leurs vues à la majorité, que le principe d’ingérence d’un occident gendarme et professeur du monde, s’est retourné contre lui. Ces vues minoritaires pouvaient être communautaristes et anti-républicaines, et être opposées à notre culture, elles valaient, paraît-il, relativement bien les nôtres. Aujourd’hui on a même dépassé le relativisme niveleur. Le balancier est parti loin vers le différentialisme. On a tout re-hiérarchisé. Fini les « ismes » rassembleurs, finit la figure du philosophe, vive l’état « liquide » insaisissable, incontrôlable. Les valeurs de l’occident chrétien sont systématiquement dénigrées et même niées, au profit des valeurs plus « métissées », plus exotiques, au profit de cette figure du « citoyen du monde », une sorte de synthèse abstraite, et impossible, vidée de toute pouvoir politique, de toute action démocratique. Un pantin qui croit être « libre ». Avec le relativisme, la majorité (forcément opprimante) est devenue, coupable d’être majoritaire, et a du s’excuser seule, dans un jeu de repentance permanente. Et les minorités (forcément opprimées) sont devenues sublimes, elles seules. Tout doit être fait pour qu’on les entende, qu’on les écoute, chacune d’elles, au moins autant, voire plus que la majorité réduite au silence. La fameuse majorité « silencieuse ».

Le pragmatisme et les experts ont démobilisés. C’est le coup du « y a pas le choix » et du « c’est trop complexe pour vous ». Comment voulez vous faire vivre la démocratie, quand vous retirez la possibilité du choix, quand vous niez au peuple sa responsabilité et son existence même ? Il ne peut y avoir de démocratie sans peuple constitué (et non un conglomérat de communautés retenu par M. Besson dans son analyse de l’identité nationale). A l’heure des experts, ne sont appelés à s’exprimer, puis à participer, que ceux qui savent, même si ils n’ont aucune légitimité politique, aucun mandat électif, donc aucun compte à rendre. Le peuple assume pourtant seul, les choix de ces experts parfois autoproclamés.
La démobilisation « atomisatrice » et « déconstituante », qui s’en suit, facilite la tâche de dirigeants en quête d’une gouvernance mondiale, qui en échange d’une « paisibilité » relative, nous imposeront un totalitarisme technocratique certain, dépourvu de toute légitimité démocratique. Ces dirigeants savent fort bien ce que pensent les électeurs, mais ils font tout pour ne pas les entendre. Leur unique but est la place au pouvoir (comme une place au chaud en hiver), pour y mener la politique du fait accompli. Que le désir de pouvoir soit à l’œuvre dans l’action politique, c’est normal, mais que ce désir devienne l’œuvre elle même et c’est la fin. Plus rien ne peut être produit. Ah oui, ils sont instruits, enfin techniquement, et tellement surs d’eux-mêmes, que si le peuple, à l’occasion d’un référendum, se reconstitue et s’exprime, il est aussitôt contredit, nié, et appelé expressément à se déjuger. Ceux qui le soutiennent et le relaient sont traités de populistes (au mieux), par les politiques-experts et les médias. Inutile de rappeler les épisodes récents.
L’Europe actuelle n’est donc pas une entité démocratique, tout le monde l’a bien compris. Elle ne cherche pas la constitution d’un peuple européen, pire elle travaille à la déconstruction des peuples nationaux préexistants. Les « transferts de compétences », rien que cette expression devrait alerter les démocrates. Transfert d’une organisation « représentative » déjà faiblement démocratique, vers une organisation supranationale échappant à tout contrôle.

Enfin, la désinformation est le bras « armé » de ce nouvel ordre mondial que l’on veut (qui on ? et à quel titre ?) nous imposer. Les médias, n’informent presque plus, ne transmettent rien. Ils communiquent. Ils travaillent l’opinion. Ils corrigent et camouflent les « sentiments », les « impressions ». A coup de « ils ont voulu dire », ils réinterprètent, si besoin est, les rares moments d’expression du peuple. La presse passe son temps à tester son pouvoir grandissant (de nuisance ?) et cherche à devenir plus acteur que média.
Les intellectuels, les politiques, les techniciens, se donnent ainsi en spectacle, jour après jour et les médias leurs tendent un miroir, souvent très déformant, au lieu de les faire passer par un objectif au sens photographique. Ils sont tous d’accord entre eux. Ce petit jeu leur va fort bien finalement. Les idées même de l’intérêt général et de la démocratie leurs sont étrangères. Sinon ils n’agiraient pas ainsi. Je dirais même que, pour eux, « l’intérêt général » est étranger, en ce sens qu’il ne peut pas être un intérêt national, qui s’opposerait ainsi à la mondialisation dont ils tirent leur espérance de pouvoir sans frontière. C’est pour cela qu’ils ont abandonné le principe démocratique, car celui-ci est lié, complètement, à l’existence de la nation et à la citoyenneté et à l’existence d’un peuple constitué (et non d’une simple population).

Il faut garder espoir de voir le peuple Français se reconstituer. A quelle occasion ? Je l’ignore. Espérons simplement que cela dépassera le cadre éphémère et virtuel d’une compétition sportive, instrumentalisée comme un pur objet de propagande communautariste. Le communautarisme est le piège dans lequel les fossoyeurs de la démocratie veulent nous amener. La mondialisation dilue la démocratie, le communautarisme sera son poison.

Il faut, sans doute se rappeler l’adage Mitterrandien, « la politique c’est du judo ». Analyser l’action de l’adversaire, le système actuel, et utiliser son effort pour l’emporter.

(1) Debout la République de M. Nicolas Dupont-Aignan
(2) Résitance Républicaine prolongation de Riposte Laïque
(3) République Solidaire de M. Dominique de Villepin

Tribune publiée sur Agoravox le 2 juillet 2010

dimanche 17 janvier 2010

Des élites fraternelles ?


« La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage"… », Eric Besson, ministre de la République française (1).

On pourrait, il y a de quoi, d’autre l’on fait et le feront, s’arrêter sur cette déclaration de M. Besson. Ces mots rapportés par un journaliste du Parisien, pris comme cela, resteront un crachat, tombé de la bouche de son auteur. Le problème n’est pas tant que M. Besson, à l’image de son président, change d’opinions, mais qu’il en émet beaucoup, et des bien contradictoires, et des bien opposées. Entretenant la confusion et la duplicité, là où il faudrait assumer la diversité et la complexité. Un exemple ? « Je reste persuadé que si la société française doit intégrer, la Nation française doit assimiler » (2)… C’est le même bonhomme qui parle.

En fait, les discours se succèdent en fonction de la cible. Ici M. Besson était dans le contexte d’une visite « surprise » en banlieue. Alors que là il s’adressait à des lecteurs intéressés par l’identité de leur pays. Lâcheté ? Cynisme ? Clientélisme ? Tout ça à la fois, sans doute, comme d’habitude. M. Besson n’est-il pas un athlète de ces contre-pieds radicaux ? Pour son patron, chef du casting gouvernemental, il avait sans doute, plus que d’autres, le profil pour le job.

Donc j’essaierais de ne pas trop apporter d’importance à cette déclaration, car c’est en fait l’absence de réaction de la part des élites, classes politiques et médiatiques, qui m’a stupéfié et mis mal à l’aise (3). De droite à gauche, les maîtres de l’opinion (toujours sans s) se taisent, consentent, quand au même moment ils font du « buzz » sur telle ou telle petites phrases sans aucune importance. C’est dans l’ordre des choses. Mais qu’aucune réaction forte et libre, ne soit arrivée jusqu’au « micro » pour s’insurger, en dit long sur le verrouillage du débat.

Comment en sommes nous arrivés là ? Comment en sommes nous arrivés à accepter sans broncher d’être gouvernés par une « élite » aussi méprisante à notre égard, aussi attachée à la démolition de notre pays, aussi arrogante dans l’aveu de son dessein, aussi tordue et retordue dans l’accomplissement de sa besogne ? Cela restera une énigme historique. M. Besson représente un gouvernement de droite… et la gauche dans cette histoire ne nous sera d’aucun secours, elle qui veut pour son confort auditif et olfactif que le débat cesse. Entendre couiner la « bête immonde» (la France) ça la dérange. Et l’extrême droite, idiote utile, ne fera pas mieux, médiocre qu’elle est, intellectuellement et politiquement. Passons sur l’extrême gauche qui attend son heure, le grand soir, avec une patience et une foi de charbonnier.

Au travers de ce petit épisode de la vie politique de notre pays et du « débat » sur l’identité nationale, c’est bien la question des élites qui se pose dans sa cruelle « crucialité ».

Tous les peuples, toutes les sociétés, toutes les civilisations ont besoins d’élites. L’école, la sélection des meilleurs, la démocratie, le suffrage universel, sont là pour y pourvoir. Mais que leur a-t-on fourré dans le cerveau à nos grosses têtes ? Du Machiavel survitaminé en intraveineuse, en implant cérébral ? Les grandes écoles seraient tenues par des professeurs qui nous abusent, des adeptes de Descoings, occupés à nous programmer dans leur petit labo une élite « nouvelle », faute d’avoir su créer un homme « nouveau » ?
Lorsque l’élite s’auto reproduit, se coopte, « s’endogamise », lorsqu’elle n’éprouve que mépris et crainte pour ceux d’en bas… la situation est pliée. A terme. Comme en 1789, l’effondrement n’est pas loin. Et ce n’est pas l’instillation de « couleurs » qui changera quoique ce soit, à cette fracture politique. La communautarisation qui en découle, est simplement un facteur supplémentaire de manipulation. Mais élites des médias, élites politiques, élites financières auront beau se tenir par la barbichette, un jour viendra où le peuple se manifestera. Radicalement. Je rêve d’une dissidence massive, pour rappeler fermement à ces gens là, qu’ils doivent être au service du peuple, de l’Etat, de la Nation, et non s’en servir. Qu’ils doivent être fraternels envers leurs concitoyens… Le libéralisme à l’échelle mondiale est une compétition économique, voire une guerre, nos généraux sont des traîtres et des agents doubles.
Il n’y a plus aucune Fra-ter-ni-té, ni plus aucun respect. Y en a-t-il jamais eu ? Un mépris réciproque s’est installé. Les « gens d’en haut » méprisent les « gens d’en bas » qui le leurs rendent bien. Peut-être pas assez.

Si le mépris est réciproque, il n’a pas le même carburant, et la responsabilité de cette situation n’est pas partagée.
Le mépris du peuple se nourrit à l’incompréhension, c’est une posture de protection, comme le rire qui met à distance. Mais l’incompréhension est aussi génératrice de frustration, elle pourrait bien se transformer en colère. Colère d’avoir été envoyé dans le mur pour d’obscurs motifs par une élite sûre d’elle-même.
Le mépris des élites c’est celui de s’arroger l’arrogant privilège de penser à la place du peuple, sans jamais l’écouter, allant même jusqu’à donner des interprétations délibérément fausses à ses « écarts électoraux », ou à sélectionner des sondages qui arrangent pour justifier des choix immoraux. Ce mépris se nourrit d’un complexe de supériorité semblable à un racisme. Il se nourrit d’un « étonnement » de voir le peuple imbécile se soumettre docilement. De Besancenot à Le Pen, en passant par l’ensemble du spectre, il y a cette tentation de penser avoir raison contre tous, contre la masse « inculte », qui pourtant assume seule, de plus en plus seule. Lorsque Attali nous vend le nomadisme, ou la mobilité économique, il ignore volontairement le besoin d’enracinement du peuple, il ignore son besoin de solidarité identitaire pour se valoriser dans le collectif. Tout le monde à besoin de s’estimer, certains ont plus besoin du collectif pour cela, d’autres se suffisent à eux même. Lorsque les élites érigent en modèle des règles qui sont inadaptées (ou antinomiques) au peuple, qui ne sont que l’expression de ses désirs spécifiques, alors ces élites sont dans le déni de réalité. L’élite par nature vit sa réussite, elle en tire sa force illusoire et ses certitudes obtuses. Cette confiance lui permet d’envisager, sans trop de difficulté, ni d’appréhension, les bouleversements de la France et du monde, certaine d’avoir les clefs pour « s’en sortir ». Là où cela devient malhonnête, c’est quand elle feint de s’étonner, voire qu’elle s’exaspère, que le peuple ne soit pas si sûr de lui…

L’échec de l’école, du collège unique, ces dernières dizaines d’années, n’a fait qu’accroître le fossé entre peuple et élite. Et quand l’élite ignore volontairement le peuple, et fait de cette attitude un mode de gouvernance, elle mène le peuple vers la seule issue possible à terme, la révolte.

Il y a beaucoup de détails et de nuances à apporter à ce constat. Il y a des distinctions à faire entre élites visibles et invisibles. Entre les rois du spectacle et les rois des coulisses (les vrais). Mais lorsque le système contraint M. Besson à nier l’existence de la nation et de son peuple, il pousse le bouchon du mépris un peu loin. Son seul but est de continuer à bien diviser pour « bien » gouverner. Le communautarisme dans lequel beaucoup de mouvements s’engouffrent est un piège, un miroir aux alouettes, qui permettra aux élites de continuer à distribuer des miettes, comme M. Descoings des places réservées aux méritants des Zep, faisant ainsi l’économie d’une vraie prise en compte du réel, d’un peuple, d’une nation, d’un destin, faisant l’économie du courage politique et de l’honnêteté intellectuelle.
Faire de la politique ou réfléchir honnêtement, il faut choisir. Ce sont bien devenues deux choses différentes. Nous sommes gouvernés par des voyous d’opinions. Reste au peuple à réagir, à exiger un système qui garantirait mieux l’émergence d’une élite au service du peuple et de la nation.

Le système de votation suisse est un modèle intéressant, mais chacun aura observé le mépris, encore et toujours, que lui porte nos élites censées nous représenter. Il faudrait faire preuve de détermination pour le conquérir ce système de votation. Les Français y sont-ils prêts ? Et est-il adapté à la France, ou faut-il envisager autre chose ? Cette réflexion amène à s’interroger sur la bonne échelle politique, sur la bonne organisation, géographiquement, démographiquement parlant. Elle aboutit dans tous les cas au refus de toute gouvernance mondiale.

(1) Interview de M. Besson dans Le Parisien du 5 janvier 2010
(2) In « Pour la Nation » Eric Besson chez Grasset.
(3) Si l’on excepte un billet par ci par là, trop confidentiel, comme celui d’Ivan Rioufol sur son blog, ou une tribune de Christine Tasin sur le site Riposte laïque le 8 janvier.
http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2010/01/besson-rechute-dans-le-politiq.html
http://www.ripostelaique.com/Eric-Besson-insulte-la-France-et.html


Tribune publiée sur Agoravox le 18 janvier 2010

Et reprise sur :
yahoo.com : fr.news.yahoo.com/opinions.html
newspeg.com : http://fr.newspeg.com/Des-%C3%A9lites-fraternelles--56025646.html
Le blog de Jean-Marie Lebreau : http://jean-marielebraud.hautetfort.com/archive/2010/01/18/index.html

vendredi 4 décembre 2009

Faites taire ce peuple que nous ne saurions entendre !



Le peuple s’est exprimé. Quel scandale !
Un coup de gueule, un de plus, à l’usage de nos malentendants.

(Ou le virus "Godwin" plus fort que la grippe A)

Je suis de ceux qui pensent que les musulmans européens ont pour beaucoup vocation à rester ici. Ils sont là, ils se sont installés, ils vont faire souche, ils doivent pouvoir pratiquer leur culte dans des lieux dignes de ce nom. Dans des mosquées avec où sans minaret, avec ou sans muezzin. On peut, on doit en débattre, on peut, on doit voter, ça ne me semble pas la question principale. Dans notre société de communication, où la forme et l’image l’emportent systématiquement sur le fond, où elles masquent celui-ci et le dénaturent même, on finit par en oublier l’essentiel. Car comme pour les « inquiétudes » exprimées sur la burqa, celles sur le minaret initient un débat où la question de fond est soigneusement évitée et contournée. Le politiquement correct ayant phagocyté toutes réflexions en Europe (quand il ne l’interdit pas purement et simplement), le « coup » du minaret ressemble à une ruse pour demander en fait plus largement : «Qu’en est-il d’un islam « pur jus » dans nos sociétés occidentales « démocratiques » (Je mets des guillemets vous savez bien pourquoi) ? M’étant déjà exprimé sur le sujet lors de précédentes tribunes (1), je ne m’y recollerai pas. Obsessionnel, mais quand même.

En revanche, ce que je retiendrai de la votation suisse, plus que le résultat lui-même, ce sont les commentaires de nos élites politico-médiatiques dans l’après scrutin.
Quel mépris ! (2) Le divorce d’avec la démocratie, d’avec le « demos », semble consommé pour nos cadors. Mais quel enseignement croient-ils nous dispenser en réagissant de la sorte ? Un seul. La démocratie n’est qu’une farce, qu’un théatre pour eux ! (C’est en fait une triste confirmation, après 2002, après le référendum européen.)

La démocratie selon ces gens là, c’est répondre « comme il faut », comme ils le veulent, à une question bien choisie par eux, une question qui « sent bon ». Si vous avez l’outrecuidance de croire à votre liberté de jugement et de choix, à votre statut de citoyen, ces élites cooptées et endogames se feront un devoir, que dis-je un plaisir, de vous traiter publiquement sur tous les médias possibles, de sales fachos de votre race de m…. Excusez-moi, je suis un peu en colère. Mais où sont les Lumières dont ils se revendiquent être les héritiers ? Hubert Védrine voit juste, quand il dit que dans l’étroitesse du débat permis, ceux-ci (les Lumières) ne seraient pas tolérés plus de 15 jours. (3)

Et de nous faire croire qu’ici en France le problème ne se pose pas, et de se réjouir qu’il n’y aura jamais de votation de ce genre, ou qu’elle ne sera jamais acceptée par le conseil constitutionnel, et de nous prendre pour des abrutis en glissant vers des questions architecturales et urbaines, et de nous infantiliser en affirmant que le peuple ne peut répondre à ces questions que dans l’émotion, en restant étranger à toute réflexion rationnelle et intelligente, (cet argument, si si, je l’ai entendu de mes oreilles, il peut être rapproché des commentaires que des conservateurs obtus, pour ne pas dire bouchés exprimaient lors du débat d’avant et d’après guerre « pour ou contre le droit de vote des femmes » en France), et de « demander » aux Suisses de revoter (démocratie version « Europe »), et de relayer les menaces des radicaux islamistes que ferait peser sur l’occident cette expression démocratique et enfin d’en appeler à la cour européenne pour casser le choix du peuple… Mais qui paiera l’addition de vos erreurs ? Le peuple justement qui n’aura pas lui les moyens et sans doute pas l’envie non plus de suivre le 6e pilier de la « sagesse attalienne » (4), celui de l’exil en cas de nécessité, celui de la conversion à l’autre…

Un seul mot s’impose MM. Kouchner (5) et consorts, MM. les journalistes… Ignoble ! Vous êtes pire que des « munichois ».

Dalil Boubaker, le débonnaire, recteur de la mosquée de Paris, qui n’a trouvé rien de mieux que de « prévenir » qu’il pourrait y avoir dans le monde musulman des réactions identiques à celles survenues après l’épisode des caricatures, accréditant ainsi une fois de plus que l’islam n’est pas soluble dans la démocratie, Boubaker qui dit « ne pas aimer ce résultat » (6), je le comprends mieux que vous, qui après avoir abattu notre république, sapez notre démocratie.

Et pour en finir avec ce coup de gueule, sachez que vous faites le lit de la radicalisation, de toutes parts. Votre mépris, votre défiance affichés sans fard de la démocratie, du peuple, vos dénis de réalité, votre lâcheté, votre politiquement correct, votre « angélisme », vos mots qui « n’enrichissent » que la novlangue, votre pensée unique, votre arrogance sans borne de clercs laïcs, vos amalgames en chaîne, vos "réductio ad-hitlerum", votre mauvaise foi abyssale, votre cynisme, désespèrent les vrais démocrates, et encouragent les vrais fachos de tous bords (et leur donnent raison). Votre génération "bien pensante" est mure pour muter en génération anti-démocratique, pour ne pas dire pire. Tout cela va finir par en susciter beaucoup, « d’émotion ».

Dans le tintamarre des commentaires d’après « match », je n’ai entendu qu’une personne politique pour dire que l’important c’était de se poser La question : « pourquoi cette réponse des Suisses ? »… C’est Rachida Dati (7), imitée ensuite par Basile de Koch, déguisé en candide sur le plateau de « Ce soir ou jamais » … Je n’ai entendu qu’un journaliste pour se révolter des commentaires des gens autorisés. C’est Ivan Rioufol, dont les interventions orales ne sont hélas pas à la hauteur de sa plume. (8)
Merci à eux.

(1) http://nooptot.blogspot.com/2009/06/le-niqab-derange-et-les-textes.html
(2) http://www.dailymotion.com/video/xbc52z_minarets-toute-laffaire-resumee_news
(3) http://www.dailymotion.com/video/xb6rnh_liberte-dexpression-hubert-vedrine_news
(4) http://www.dailymotion.com/video/xb2dtw_attali-ou-la-boboitude-paroxistique_webcam
(5) http://www.dailymotion.com/video/xbbpvv_b-kouchner-revient-sur-le-non-des-s_news (à partir de 2’)
(6) http://www.dailymotion.com/video/xbbr7f_dalil-boubakeur-sur-la-votation-sui_news
(7) http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=24438
(8) http://www.youtube.com/watch?v=JbUv2rSKl74&feature=player_embedded

mercredi 4 novembre 2009

Un débat sans "Socrate", un débat pour distraire.



Le débat sur l’identité française est une mascarade, parfait aboutissement du politiquement correct.

Un débat sur l’identité nationale ? Pour quoi faire ?
Cela ne changera rien, rien du tout. Alors on pourrait penser qu’il s’agit simplement d’une « soupape », pour lâcher un peu la pression du politiquement correct. Même pas.

Après ce « débat » l’identité de la France continuera sa désintégration faute d’avoir su, d’avoir voulu, intégrer les nouveaux arrivants, faute d’avoir su, d’avoir voulu, défendre ce qui faisait sa spécificité.

Oui l’immigration est la raison principale (mais pas la seule) du changement d’identité. Mais voilà, l’immigration, la « diversité », le « métissage » doivent être un « enrichissement » et ne doivent comporter que des aspects positifs. C’est la doxa. Et il n’y a plus de « Socrate » dans la cité pour, « pourchasser les actifs toxiques au cœur de cette doxa européenne, cette pensée dominante, et traquer les produits empoisonnés d’optimisme qui masquent les risques et mettent en péril la cité » ***. Donc le débat n’est qu’une farce.

Pourtant de-ci de-là la parole de personnages publics « autorisés » s’échappe… Mais les médias prennent bien soin de ne pas mettre les projecteurs dessus.

Amirouche Laïdi du club Avérroes devant des notables réunis par M. Copé :
« Vous auriez tort vous les blancs de vous opposer à la discrimination positive, c’est vous qui en aurez besoin dans quelques années… » (je résume à peine).

Yazid Sabeg commissaire à la diversité :
parle de risque de guerre civile si rien est fait pour mettre fin à un « apartheid » social… Il évoque à deux reprises sur les chaînes de télévision, l’apartheid, le communautarisme, l’ethnicisme, le fractionnement, le trouble à l’ordre public, la dernière chance, la guerre civile sociale, la guerre communautaire, la révolte des minorités, qui seraient le futur de la France si nous ne nous « adaptons » pas.

Simone Veil pour le Comité de réflexion sur le préambule de la constitution :
parle de risque d’affaiblissement du vivre-ensemble, de montée des tensions et des ressentiments entre communautés, de la dislocation accrue de la Nation...

Michel Volton sur France Ô récemment :
« Il faut accepter la cohabitation culturelle si l’on veut éviter la guerre »…

Alors devant ces craintes exprimées par de dangereux agitateurs patentés d’extrême droite… qui ne sont en fait que les promoteurs de cette politique qui mène à l’explosion de notre identité, à quoi peut servir un débat sur l’identité nationale où la censure et le politiquement correct règnent ? A rien d’autre qu’à divertir.

Ca ressemblerait presque à l’énigmatique, hallucinant, sidérant et trop habile « je vous ai compris » du général de Gaulle. Souhaitons que la suite soit plus paisible. J’ai comme un doute.

*** paraphrase d’un propos de Gluksmann dans un livre récent sur « La plus belle histoire de la Liberté » avec Gluksmann, Bacharan et Meddeb.









Tribune publiée sur Agoravox le 4 novembre 2009
Un débat sans "Socrate" un débat pour distraire.

lundi 22 juin 2009

Pour un nouveau "Seelisberg".



Le niqab dérange ? Et les textes ?

Les députés qui s’émeuvent de l’apparition du niqab (burka « soft ») en France sont bien gentils, mais ce drap, n’est qu’un signe visible qui cache mal des mots au moins aussi radicaux. Cet accoutrement est l’expression de l’extrémisme religieux, mais il témoigne d’un aspect plus grave, plus profond et plus insidieux. Au-delà même de l’aspect choquant de la place à laquelle il assigne les femmes.
Le Coran et ses sourates sont remplis d’intentions et de jugements très négatifs sur les « mécréants » et les « infidèles » [1]. Or, les occidentaux chrétiens, juifs ou athées sont ces infidèles et ces mécréants aux yeux de l’Islam. Si l’on en croit les démographes, cette religion va poursuivre son expansion, pour venir rivaliser en nombre avec les chrétiens et les athées en Europe. Qui nous dit que tous les membres de cette communauté seront indifférents à une lecture simple, voire simpliste du texte, si rien n’est fait pour la délégitimée officiellement ?

En 1947, après la terreur d’une guerre sans précédent, une petite conférence s’est tenue dans le village suisse de Seelisberg. L’objectif était de savoir si les religieux pouvaient identifier dans leur sphère de compétence et d’influence des causes de l’antisémitisme. Des juifs, des chrétiens (catholiques et protestants) analysèrent les aspects sur lesquels ils pouvaient agir pour tenter de neutraliser (dans leur domaine) l’antisémitisme, cette constante des sociétés européennes depuis plusieurs siècles.
Si tout ne fut pas débattu évidemment, loin s’en faut, au moins les responsables chrétiens se rappelèrent que leurs évangiles présentaient les juifs comme les « ennemis » de Jésus. Ennemis d’un jour, mais aussi ennemis toujours en quelque sorte.

L’exemple de la prière du Vendredi*** illustrait bien le problème.
« Oremus et pro perfidis Judaeis », traduit en français par « Prions aussi pour les Juifs perfides », résumait assez bien ce que l’église propageait chaque semaine comme message à l’égard des juifs, même dans une prière à leur intention. L’antisémitisme passait aussi par la religion. On n’avait pas attendu Seelisberg pour s’en rendre compte, mais rien n’avait été fait. La religion par essence conservatrice n’avait pas bougé, et n’avait rien changé. Après la Shoah, après Seelisberg, l’église ne pouvait pas rester de nouveau inerte et faire comme si ces remarques étaient dénuées de pertinence et de légitimité. On modifia le texte de l’oraison pour « Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier …/… ». Ainsi diplomatie et oecuménisme s’invitaient dans un texte religieux.

Croyant, je ne suis pas pour autant un grand spécialiste de ces textes. Mais je pense que cet exemple montre bien que, oui la religion, quelle qu’elle soit, l’univers de la foi, la recherche de l’absolu, peuvent être aussi, hélas, le terreau de l’intransigeance, puis de l’intolérance. Oui sur des esprits et des âmes simples en quête de « Vérité », le résultat peut être radical et former un chemin vers la haine. Oui les religions sont responsables du message qu’elles délivrent et de leurs effets sur leurs fidèles. Dans des sociétés multiculturelles et multicultuelles encore plus qu’ailleurs, dans une planète réduite par la mondialisation encore plus qu’avant… L’œcuménisme de doit pas rester un discours rempli de bonnes intentions, orné de sourires de façade.

Et si nos responsables religieux faisaient un nouveau « Seelisberg » ?… Auquel les musulmans participeraient ? Dire qu’il ne faut pas attendre à nouveau que les mêmes causes produisent les mêmes effets serait excessif et alarmiste. Les textes religieux seuls ne peuvent pas tout assumer. Mais…
Car à l’heure où nos élites républicaines contournent allègrement la loi de 1905 afin que des mosquées sortent de cette terre, la lecture de certaines sourates, de certains versets du Coran a de quoi inquiéter, les femmes, et aussi plus largement les « infidèles » et les « incrédules » que nous pouvons être, nous occidentaux chrétiens ou athées, aux yeux de l’Islam… N’en déplaise à M. Obama, qui tente d’amadouer les musulmans au Caire dans un discours assez démagogique prononcé là même où l’Islam est présent sous sa forme la plus archaïque.

L’Islam est un message de Paix nous dit Tarik Ramadan… Qu’il nous soit permis d’en douter à l’écoute de certains passages du Coran et à la connaissance de certains passages à l’acte criminels ces dernières années commis en son nom.
A moins de considérer naïvement que Malek Chebel ou Abdelwhab Meddeb inspirent tous les imams et tous les musulmans de France, à moins de croire que la laïcité va s’imposer d’elle-même en un instant aux nouveaux arrivants, alors qu’elle fut l’objet d’un combat virulent pour asseoir sa prééminence jusqu’à la loi de 1905, à moins de penser que l’œcuménisme est le carburant naturel des religions, je pense qu’il serait pertinent que nos responsables « laïcs » obtiennent explicitement de la part d’un «Islam de France » (et des autres religions) une mise au rebut de quelques appels explicites à des jihads pas toujours « intérieurs », de quelques conditionnements répétés au rejet de l’autre et dans le meilleur des cas à son maintient dans un statut éventuel de dhimmi… Les sourates sont disponibles sur les sites de vidéos en lignes… pas besoins de se plonger dans le Coran. Faites une recherche avec les termes, infidèles ou/et mécréants, plus sourate et/ou verset dans un moteur de recherche bien connu et vous aurez une idée du problème. Nous sommes très loin du « vivre ensemble »…
A l’heure où la Halde et d’autres organismes traquent sur la toile les appels à la haine,… il y a là du grain à moudre.

La religion, l’intuition spirituelle, font partie de l’histoire de l’humanité et sont au cœur de la conscience humaine. Mais ces messages trouvent leur traduction hors des églises, hors des synagogues, hors des temples et des mosquées, dans l’espace public, laïc ou non. « Pour le meilleur et pour le pire »…
La mise en présence dans un même espace de religions aux antagonismes historiques avérés peut s’apparenter parfois à la programmation d’une histoire violente. La France a connu cette violence dans le passé. Aujourd’hui d’autres pays sont dans la tourmente pour n’avoir pas su trouver la «bonne recette ». Aujourd’hui beaucoup de chrétiens ont fuit les terres de l’Islam où un sort peu enviable leur était fait, leur est fait. Un nouveau Seelisberg devrait être tenu.

Faute de l’avoir fait à temps, nos responsables courent le risque de se condamner aux remords. La pusillanimité de nos dirigeants sur ce sujet ne peut déboucher que sur un malentendu, pris comme un aveu de faiblesse. On ne peut pas à la fois construire une société multicuturelle et faire l’impasse sur la teneur des messages religieux qui traversent et travaillent la masse des croyants à l’abri des caméras, dans l’intimité des lieux communautaires.

[1] Les fidèles conscients du caractère inquiétant des textes diront qu’il ne faut pas s’en tenir au sens littéral… mais qu’il faut s’en remettre aux érudits, comme si cela pouvait préserver d’une compréhension intolérante… Que sont les talibans alors ? Et les wahhabites ? Des ignares ?

*** Correction.
« Oremus et pro perfidis Judaeis » n’était pas récité tous les vendredi mais uniquement le Vendredi saint…

J’aurai donc du écrire « ce que l’église propageait chaque année » à la place de « ce que l’église propageait chaque semaine »… ce qui j’en conviens n’a pas la même force. Cependant le rappel inévitable de la culpabilité du peuple juif dans la crucifixion de Jésus est sous-jacent dans les offices religieux et je crois que personne ne peut le nier.

Cet exemple, mal choisi donc, ne remet pourtant pas en cause le fond de ma tribune. L’église a pu et pourrait encore favoriser l’antijudaïsme sur la base de certains textes canoniques, sur la base même de l’histoire. Je témoigne ici que ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Et je répète et signe, les religions, toutes les religions, peuvent hélas devenir pour des esprits faibles des chemins vers l’intolérance. En tant que croyant j’en suis contient et le regrette évidemment profondément.


Tribune reprise par :

le site d'information communautaire

le site de l'union et des professionnels Juifs de France
(commentaire de Menahem Macina)

le blog d'Isabelle Buot-Bouttier


Tribune publiée sur Agoravox le 23 juin 2009
http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/pour-un-nouveau-seelisberg-57968?debut_forums=200#forum2150755


Ajout le 23 juin 2010 : interview de Michel Onfray sur RMC le 10 juin 2010